L’innovation humanitaire au service des ONG
L’apparition de nouveaux matériaux, de nouveaux moyens de production ainsi que la miniaturisation de certains composants ont permis à de nombreuses capacités technologiques, jusque là inaccessibles, d’être testées par le plus grand nombre. Blockchain, Réalité Virtuelle ou encore Fabrication additive sont autant d’outils qui cherchent leurs applications.
En investissant dans ces technologies, le principal risque est de ne pas trouver d’écho auprès des utilisateurs et de n’apporter finalement que très peu de valeur à ces derniers, voire de les contraindre dans leurs tâches.
Le secteur du déminage fait partie des segments visés par les tentatives exploratoires de ces technologies émergentes. Vous avez sûrement entendu parler d’Humanitaire 3.0 ? Dans le contexte actuel, les organismes financeurs et les ONG sont en recherche croissante d’efficacité pour atteindre les objectifs fixés par les Etats en matière de dépollution et de remise à disposition des terres. Il est donc primordial de pouvoir identifier, parmi toutes ces opportunités, celles qui apporteront réellement de la valeur et celles qui seront uniquement synonymes de perte de temps.
Notre challenge : repenser aux côtés de l’ONG humanitaire – Handicap International les processus de déminage
- “Comment réussir mon projet d’innovation dans un secteur aussi complexe que celui du déminage ?”
- “Comment sécuriser mon investissement en apportant un maximum de valeur sur le terrain ?”
- “Comment gérer un projet en situation d’extrême incertitude ?”
Innover aux côtés d’une ONG humanitaire – Handicap International
Handicap International, ONG et acteur majeur de l’humanitaire, nous a invité à relever le défi : monter un projet d’innovation, autrement dit, un projet dans des conditions d’extrême incertitude, afin de faire émerger de nouvelles activités qui permettront de faciliter et d’améliorer le déminage humanitaire. Pour cela, nous avons passé 10 jours avec les acteurs de l’écosystème du déminage, sur le terrain, pour partager leur quotidien, et ainsi prendre la pleine mesure des problématiques qu’ils rencontrent. C’est le Tchad qui a été retenu pour cette étude et notamment la ville de Faya-Largeau, la capitale du Nord, en plein désert.
Innover, c’est résoudre des problèmes en imaginant de nouvelles solutions qui apporteront de la valeur aux futurs utilisateurs
(à ne pas confondre avec trouver des problèmes qui pourraient être résolus par une solution existante)
Le plus important dans cette définition n’est pas de trouver la solution mais de bien identifier le(s) problème(s) critique(s). Dans le cadre de cette étude, nous avons déployé une approche théorique couplée à une approche terrain visant à identifier les problématiques des acteurs du déminage parmi leurs différentes activités : planification des opérations, déminage/dépollution, capitalisation sur l’avancement des travaux, reporting aux autorités.
Pendant ces différents travaux, notre vision candide en matière de déminage a été précieuse pour prendre un maximum de recul et remettre constamment en question les
évidences. Ces dernières représentent, en effet, un piège fréquent dans l’identification et la compréhension des points de douleurs.
Un processus d’innovation maîtrisé pour faire avancer le projet
Nous rentrons de cette aventure avec des souvenirs plein la tête et surtout une liste de points de douleurs longue comme le bras. Désormais, nous travaillons sur leurs caractérisations selon différents paramètres : la frustration engendrée, leur criticité, le nombre d’acteurs de la chaîne impactés et la fréquence à laquelle ils se produisent. Le potentiel d’un point de douleur se mesure à la valeur qu’il apporte s’il est résolu.
En résumé, cette première immersion terrain c’est :
• 12 000 km de voyage
• 34 acteurs interrogés
• 21 heures d’entretien menées
• 50 points de douleurs relevés
• Compréhension fine des enjeux du déminage au Tchad
Dans le cadre d’un projet à but humanitaire en collaboration avec une ONG, la valeur de l’innovation ne se mesure pas directement au profit financier que génèrent les ventes du nouveau service ou produit.
La valeur se mesure sur deux niveaux :
- la capacité des équipes à faire leur travail dans de meilleures conditions, plus efficacement et surtout avec plus de sécurité
- les retombées économiques et sociales pour le pays par le développement des populations
Cette première brique d’identification et de compréhension des points de douleurs des acteurs sur le terrain, dans un contexte humanitaire, s’inscrit dans un processus d’innovation maîtrisé qui se déroulera sur l’année 2019. Il est matérialisé par la pyramide de l’innovation et a pour but de sécuriser chaque étape du développement. En innovation, l’échec ne vient pas de la mauvaise exécution du plan parfait mais de la parfaite exécution du mauvais plan. A nous de définir le bon plan !
Prochaine étape ? Faire émerger des solutions technologiques ou